DOMAINES D'EXPERTISE

Entrepreneuriat, innovation, digital et sobriété numérique

EXPERTISE #4

Présentation

L’Entrepreneuriat a été regroupé avec l’innovation et le digital car la majorité des start-ups aujourd’hui repose sur des modèles utilisant les nouvelles technologies, que ce soit la réalité virtuelle, la réalité augmentée, l’intelligence artificielle, le big data, le small data, les systèmes de blockchain… La révolution numérique a ainsi entraîné des évolutions conséquentes des offres.
Ce nouvel univers a cependant repris les référentiels classiques en matière de performances et de management, notamment en termes de calcul de rentabilité. Les travaux menés au sein de cet axe visent à faire évoluer l’intégration des axes environnementaux et sociaux au sein même des modèles d’affaires des entrepreneurs, via notamment leurs propositions de valeurs.
Un autre aspect également abordé ici concerne la sobriété numérique. Effectivement, les modèles de vente de données commencent à prendre le pas sur les modèles de vente des produits. Pour éviter une forte croissance de la consommation énergétique, il est ainsi nécessaire de réfléchir à une intégration des impacts environnementaux dès la conception des architectures numériques conditionnant la gestion des flux de données, que ce soit au niveau des plateformes ou des sites internet. D’une manière plus large, toute stratégie digitale du 21ème siècle doit intégrer cet aspect dans l’évaluation de sa performance.

Offres d'expertises et groupes de travail

1- Workshop “Entreprenariat et innovation responsable”
Un cycle d’éclairage unique et pratique pour les entrepreneurs pour démarrer et réussir en intégrant dès le early stage les aspects environnementaux et sociaux.

2- Groupe de travail “Économie de fonctionnalité et sobriété numérique”
La standardisation de la donnée peut permettre d’optimiser les flux afin de minimiser la consommation énergétique.
Un groupe de travail a aussi été monté en partenariat avec l’INR pour réfléchir à concevoir des modèles d’affaires cohérents avec une sobriété numérique, même s’ils sont générateurs de données.

3- Groupe de travail “Standardisation de la data et sobriété numérique”

Un groupe de travail, associant la chaire, GS1, le Shiftproject, Ecoinfo et l’Institut du Numérique Responsable, a rédigé une tribune expliquant l’importance de travailler à la standardisation de la donnée. 

Nos ressources

Tribune “STANDARDISER LES DONNEEPOUR PLUS DE SOBRIETE NUMERIQUE”

Cette  tribune est parue le Lundi 7 février 2022 dans le journal L’Opinion.

Comment une gestion intelligente et collaborative de la donnée peut-elle permettre de concilier durabilité, économie de l’usage et sobriété numérique ?

Une collaboration de l’Institut du Numérique Responsabledu Shiftprojectde GS1 et de la Chaire Positive Business

Synthèse

Les nouveaux modèles de consommations qui émergent font appel à un nouveau carburant : la donnée. Même si la donnée est « immatérielle » en première approcheson empreinte écologique est significative et en augmentation incompatible avec une trajectoire telle que définie dans l’Accord de Paris en 2015Cette explosion de la pollution numérique est corrélée à l’usage exponentiel de la donnée dans toute l’économie : dans quelle mesure cet usage entropique des données contribue à cette pollution numérique ? En 2019, le numérique représentait 3,5 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre et une croissance préoccupante de ses impacts (+ 6 %/an) [b] ainsi que 53,6 millions de tonnes de déchets numériques soit 21% d’augmentation en 5 ans [c]Y-a-t-il moyen de concilier le besoin de données dans la transition à venir avec une maitrise de leur impact ? En quoi la standardisation des données peut-elle contribuer à cette maîtrise ?

Affronter un tel challenge implique de sortir de nos visions propriétaires et linéaires ; il s’agit donc d’un effort de transformation conséquent pour les acteurs. Pour éviter sa propre surconsommation, et en optimiser l’usage sur la totalité du cycle de vie de la donnéecelle-ci devra être ouverte et portable et se doter de formats et d’infrastructures d’échange efficientes. L’interopérabilité des systèmes et des données,la collaboration entre acteurs de tout type et de tous secteurs sont des prérequis qu’il faut absolument inventer et motiver à court terme.

Cette approche globale doit porter les bénéfices de tous, évitant l’effet rebond que personne n’a su jusqu’à lors endiguer dans le numérique, d’autant que cette standardisation et cette ouverture passeront quasi-nécessairement par la production de davantage de données.

« Data is the new oil » : ce paradigme, qui a parcouru l’échine du monde économique, fait sens au-delà de son analogie financière.

Il est juste car la production de donnée est matérielle, et son impact écologique n’aura dans un avenir proche rien à envier à cette matière première qui lui sert ici de métaphore. Indéniablement, la course à la donnée, souvent désordonnée ou mal organisée, présente de nombreuses similarités avec celles qui ont mené à la surexploitation d’« autres » matières premières. Son extraction, son transport et son utilisation exigent des outils dont la consommation est grandissante et dont l’impact occupe une place de choix dans la liste des domaines les plus contributeurs au réchauffement climatique.

A l’instar de la ruée vers l’or, enrichissant les marchands de pelles et de tamis, la donnée entraîne avec elle tout un marché (serveurs, terminaux, objets connectés, réseaux, développement, intelligence artificielle, logiciels, services, conseil…) en très forte croissance. C’est une filière qui se doit aujourd’hui de reconnaitre la réalité de son impact « matériel »  et le réduire en trouvant des modes de fonctionnement « circulaire »,en inventant des approches sobres, en développant l’économie de fonctionnalité qui vend l’usage d’un bien ou d’un service et non le bien lui-même[d].

Les acteurs, voyant la nécessité de se transformer et de se moderniser, ont donc investi massivement dans « le digital ». Ils avaient d’abord un objectif d’efficience, avec notamment la dématérialisation des processus, mais cela s’est par la suite imposé par les marchés. C’est ainsi aujourd’hui devenu une nécessité de digitaliser son activité, au risque d’être exclu du marché. Le commerce et les produits de grande consommation sont un parfait exemple de mouvement. D’abord initié dans les chaînes logistiques à des fins de réductions des coûts, l’emploi du digital, accéléré par la crise sanitaire, est devenu un impératif pour faire vivre son activité. L’enjeu sociétal de l’inclusion numérique (ici, pour les petits commerces ou les petits producteurs) est d’ailleurs majeur.

Mais ce sont désormais des enjeux plus écologiques et sociétaux qui occupent les acteurs économiques. L’économie se tourne vers l’émergence de nouveaux modèles fondés sur les usages constituant un nouvel appel d’air pour la production de données. A l’échelle d’un produit par exemple, là où on se contente encore aujourd’hui de publier et échanger une description de quelques dizaines d’information sur ces caractéristiques, on devra passer à des milliers voire des millions d’informations sur ses composants, sur tous les événements de son cycle de vie… L’effet multiplicateur est potentiellement vertigineux. On imagine facilement que la multiplication d’initiatives individuelles, s’appuyant de surcroît sur des technologies consommatrices d’énergie et de matériels, pourrait générer plus de dégâts que de bénéfices. Les risques de duplication de la donnée, de stockage inutile, voire la multiplication d’outils de traduction d’un format informatique à un autre sont autant d’effets de surproduction/surconsommation de données qu’il est indispensable de contrecarrer.

La réponse à ce phénomène est forcément collective : elle implique de se réinventer et de changer de paradigme. Il faut d’abord sortir d’une logique propriétaire de la donnée. Tout comme il est impossible de mettre au point une économie circulaire sans faire circuler les données sur les produits notamment, il semble difficile de mettre en place une économie de l’usage, fondée sur le partage des ressourcesmatérielles plutôt que leur possession, sans faire de même pour les données.

C’est l’exigence que va par exemple poser la réparabilité, ainsi que tout autre indicateur d’impact comment faire confiance à un indicateur évaluant l’impact des produits sans s’assurer que tous les acteurs de la chaîne fournissent en qualité et en complétude, toutes les données nécessaires?

Il faut donc poser le principe d’une donnée ouverte et portable, inciter les entreprises à rendre leurs systèmes d’information interopérables, et enfin, à adopter un langage d’échange commun standardisé. La collaboration de toutes les parties prenantes est ici fondamentale : il s’agit d’une entreprise collective, non concurrentielle et de bien commun qui appelle à repenser (quitter ?) la verticalité des organisations et la linéarité des au profit de modèles collaboratifs et réticulaires.

En cela, l’adage pétrolier devra se transformer en « standardized, open and portable data is the new collective oil » pour aller vers un monde responsable.

[aAccords de Paris de 2015 https://ec.europa.eu/clima/policies/international/negotiations/paris_fr

[b« Impact environnemental du numérique : tendance à 5 ans et gouvernance de la 5G » publié par The Shift Project en mars 2021 https://theshiftproject.org/article/impact-environnemental-du-numerique-5g-nouvelle-etude-du-shift/

[c] The global e-waste statistics partnership – Surge in global e-waste, up 21 per cent in 5 years – 2020 https://globalewaste.org/news/surge-global-waste/

[d] Economie de fonctionnalité https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89conomie_de_fonctionnalit%C3%A9Tribune

Sources externes

1- Vidéos et podcasts